Pilote : Agir dans une double position professionnelle
Dans ce pilote nous allons exposer rapidement le contexte dans lequel la recherche doctorale se développe.
Professionnel de la culture depuis bientôt 20 ans l’auteur de ce billet est actuellement fonctionnaire titulaire du ministère de la culture (MC), spécialiste des financements européens pour la culture. A ce titre il intervient comme formateur interne au MC et est invité régulièrement comme intervenant sur ces sujets. Il est également pleinement inscrit dans les équipes internationales du ministère de la culture et a ainsi participé à la définition des positions officielles de la France sur l’ensemble des régulations et des instruments financiers européens intéressant la culture pour la période 2014-2020.
L’objet de la thèse, débutée à l’automne 2020, consiste à observer la manière dont les structures culturelles s’approprient les financements européens et éventuellement se transforment en y recourant. Le projet de recherche a été bâti sur plusieurs hypothèses déduites des nombreuses observations réalisées en situation professionnelle par le rédacteur de ce billet.
Recherche doctorale et pratique professionnelle sont ici fortement liées et s’entrecroisent l’une l’autre : la pratique permet d’acquérir des savoirs, la recherche permet de théoriser ces savoirs afin de mieux comprendre comment se structure l’écosystème des bénéficiaires.
Il ne s’agira pas ici de présenter les hypothèses de travail ou d’indiquer l’état d’avancement de la recherche mais bien plutôt de présenter quelques réflexions méthodologiques issues de la spécificité de cette démarche heuristique.
En effet une pratique professionnelle approfondie facilite la connaissance générale d’un champ (acteurs, discours, techniques) et peut simplifier l’expression d’hypothèses scientifiques. Mais ce savoir incorporé est souvent imparfait, parfois biaisé et doit donc être interrogé : ainsi, comment, objectiver des connaissances et des réflexes professionnels acquis dans un contexte professionnel ?
Dans les épisodes suivants, nous présenterons deux situations du travail sociologique au sein desquelles nous avons expérimenté des difficultés méthodologiques liées à notre double positionnement professionnel.
Il s’agit tout d’abord de l’administration de preuves ou de la constitution d’un schéma causal permettant de valider des hypothèses : l’habitus secondaire pouvant aisément faire prendre pour définitives des situations sociales en réalité peu conclusives.
Nous évoquerons ensuite la passation des entretiens, durant lesquels la double position du chercheur peut générer une forme d’auto-censure de la part des enquêtés.
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