Vie et oeuvre de Wilhelm-Philippe Schimper
Vie et parcours universitaire:
Wilhelm-Philippe Schimper naît le 12 janvier 1808 à Dossenheim/Zinsel en Alsace et meurt à Strasbourg le 20 mars 1880. Dès la fin de ses études secondaires à Bouxwiller, il est encouragé dans la voie d’une carrière pastorale. Il entre au Séminaire à l’âge de 18 ans et intègre deux ans plus tard, la Faculté de Théologie où il réussit brillamment. Envoyé ensuite comme précepteur dans la vallée du Zinsel, il trouve l’occasion de renouer avec ses aspirations de naturaliste. De son terrain propice à la découverte, il étudie les plantes cryptogames, en particulier les mousses, les hépatiques et les lichens. C’est dans ce cadre qu’il saisit l’opportunité de poursuivre sa florissante carrière de naturaliste. Sa rencontre avec le pharmacien Philippe Bruch va ébranler son chemin de vie tracé puisqu’il va faire le choix d’abandonner l’activité pastorale pour s’adonner à la recherche botanique. Bruch lui proposa effectivement de collaborer avec lui sur la publication d’une monographie sur les mousses d’Europe. Ce sont là les premiers instants de sa vie en tant que botaniste. Une autre rencontre, avec le géologue Philippe Louis Voltz, alors chargé des collections de minéralogie et de géologie au Musée d’Histoire naturelle de la Ville de Strasbourg, sera aussi marquante et orientera davantage ces perspectives professionnelles. Comme la plupart de ses contemporains, Wilhelm P. Schimper n’était pas érudit que dans sa discipline de recherche mais il maîtrisait beaucoup d’autres champs des sciences naturelles. Cela témoigne des méthodologies d’enseignement et des approches scientifiques de l’époque, qui n’étaient pas réduite à une seule spécialité disciplinaire. Au cours de sa vie, Wilhelm P. Schimper a entrepris de nombreux voyages, notamment en Europe, parfois même au péril de sa vie, et ce toujours dans l’optique d’enrichir ses recherches et alimenter les collections du Musée d’Histoire naturelle de Strasbourg, dont il sera le Directeur pendant de longues années. Malgré certaines opportunités, il est toujours resté travailler en région alsacienne.
L’oeuvre paléontologique de Schimper:
Nommé Conservateur des collections géologiques de la Faculté des Sciences et du Muséum d’Histoire Naturelle de Strasbourg en 1839, Schimper s’est efforcé de classer, accroître et étudier les collections paléontologiques du musée. Il croit fermement en la théorie de l’évolution, notamment grâce à ses connaissances de botaniste en phylogénétique, ainsi qu’à ses connaissances en paléobotanique (il écrit ainsi un Traité de paléontologie végétale en 1869).
Il se positionne dessus :
« Le règne organique de l’époque actuelle peut se comparer à la cime d’un arbre richement ramifié, dont la plupart des branches qui relient la couronne au tronc, ainsi que le tronc à lui-même, se sont enfoncés dans les profondeurs du sol et ont disparu depuis des milliers d’années. En retrouver les débris, les reconnaître, les classer, les coordonner, voilà l’oeuvre du paléontologiste : un jour l’arbre entier, le végétal gigantesque sera complet ; alors l’harmonie de l’ensemble et des détails ne laisseras plus aucun doute » (Traité de Paléontologie végétale, 1869, p. 56).
Schimper va très loin : il va jusqu’à dire qu’il faut puiser dans « la cellule primordiale » voire « l’élément protoplasmique primitif », il disait déjà en 1866 : « … toutes les espèces d’un genre naturel quelconque pourraient être ramenées à une espèce génératrice mère de toutes les autres, et partant tous les genres à un prototype, qui serait à chercher comme fossile dans quelque couche terrestre ».
Schimper profite de connaissances multiples : la minéralogie, la géologie et la théorie des faciès, ainsi que ses connaissances en botanique et paléobotanique, lui permettent de s’aventurer dans les chemins plus organiques de la paléontologie animale.
Le réseau de Schimper:
Schimper dispose également d’un réseau de chercheurs, de financeurs, et d’amateurs qui lui permettent d’acheter des fossiles, d’en recevoir par le biais de dons, et en général d’enrichir les collections du musée dont il est le conservateur. Ce réseau sert aussi à former ses connaissances en paléontologie.
En effet, c’est son maître P.L. Voltz, enseignant de Géologie à la Faculté des Sciences de Strasbourg dès 1830 (et qui associe Schimper à un travail sur le Grès à Voltzia de la carrière de Soultz-les-Bains en 1836), qui l’introduit à la théorie des faciès géologiques ; dans sa jeunesse, Wilhelm-Philippe envoyait des exemplaires empaillés et des peaux au musée, il lègue également son herbier de mille plantes en 1834 ; il collectionne personnellement de manière active lors d’expéditions (par exemple au glacier de l’Aar avec Agassiz) ; il a été aide-naturaliste durant 5 ans avant de devenir conservateur, donc connaît parfaitement le milieu universitaire et celui du musée d’histoire naturelle ; il préside à l’Association Strasbourgeoise des Amis de l’Histoire Naturelle (fondée avec Lereboullet en 1851), qui finance en partie le Musée ; il a un ami (A. Mougeot) qui lui envoie des échantillons de fossiles du Grès Bigarré et un cousin (Wilhelm-Georg Schimper) qui vend des pièces au Musée. De surcroît, son traité de Bryologie (Bryologiae europea) le fait connaître dans l’europe entière.
Les connaissances personnelles de Schimper en paléontologie ne proviennent pas que “de lui-même”, elles s’accroissent et sont complétées par un réseau de personnages qui abreuve son œuvre paléontologique.
Benjamin ULRICH et Charlène DUTHEL
Source: Jean-Claude GALL, 1980, “L’oeuvre paléontologique de Wilhelm-Philippe Schimper”, p. 42, in ScI. Géol., Bull., 33, 1, p. 41-48.
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