21/11/15 – Nouvelles du départ
L’hiver est enfin arrivé à Strasbourg, et il fait 4°C dehors. En sortant bonnets et manteaux du placard, je ne peux m’empêcher de penser à ce qui m’attend d’ici quelques semaines à la base de Concordia : -30°C. C’est la même différence de température qui me sépare d’une très chaude journée d’été en Alsace, mais il m’est impossible de prendre la mesure de ce que cela implique vraiment. Mais le froid ne m’effraie pas outre mesure non plus car j’ai déjà connu des températures tournant autour de -20°C en montagne ou en voyage. Par ailleurs, l’atmosphère est très sèche à Concordia et le soleil brille toujours, ce qui rend le froid d’autant plus supportable. On verra ça !
Le début de semaine a vu un développement majeur dans la logistique de ma mission. Il était initialement prévu que je quitte Paris aux alentours du 20 Novembre pour me rendre à Hobart, en Tasmanie, d’où le navire Astrolabe devait me conduire à Dumont D’Urville. Mais le 17 Novembre, je n’avais toujours aucune nouvelle de l’IPEV concernant le départ. C’est après quelques coups de fils que j’ai appris que mon départ était repoussé « aux alentours du 5 décembre » et que le trajet ne se ferait non plus en bateau… mais en avion ! Les détails me sont encore inconnus, et notamment où se fera mon arrivée sur le continent blanc car ni Dumont D’Urville ni Concordia ne disposent des infrastructures nécessaires pour l’atterrissage d’un avion provenant d’Australie ou de Nouvelle-Zélande. Ceci implique que j’aurai l’opportunité de ne fouler non pas une, pas deux, mais bien trois bases différentes en Antarctique. Je devrais connaitre les détails, y compris la date exacte, dans le courant de la semaine prochaine.
Cette nouvelle a provoqué des sentiments mitigés. D’un coté, cela me donne quelques jours de plus pour avancer mes travaux de thèses, mais aussi pour me préparer au travail à réaliser sur place. Cela implique cependant que mon séjour à Concordia, où se trouve la majorité du travail, sera d’autant plus court. Mais c’est au niveau de la traversée en bateau que je suis le plus partagé. C’est la partie de la mission que je redoute le plus, car je suis un amoureux de la montagne et mon expérience sur un bateau se limite à 3h de traversée dans un gigantesque ferry sur une mer d’huile. La perspective de passer 5 ou 6 jours dans un petit bateau fonçant à travers les tempêtes des 40ièmes rugissants, 50ième mugissants et 60ième sans-nom-parce-que-personne-n’y-va, assailli par le mal de mer et la peur irrationnelle de couler n’est pas forcément très réjouissante. Mais maintenant que je sais que j’y échapperai à l’aller, j’ai l’impression que c’est une partie de l’aventure qui n’aura pas lieux. Malgré mes craintes, je m’imaginais déjà l’arrivée dans le pack glaciaire avec les premiers icebergs et les premiers manchots. En revanche, rien n’a été précisé sur le retour et c’est donc probablement avec l’Astrolabe que je rejoindrai la civilisation.
(CC) BY-NC-SA
Commentaire(s)
Ajouter un commentaire