Billet

Compte-rendu d'une réunion extraordinaire aux DNA

Compte-rendu de la réunion extraordinaire de la rédaction au sujet de l’alerte d’une crue du Rhin

Étaient présents

L’équipe de la rédaction locale;
M. Dorian Jeune, rédacteur en chef;

M. Rodolphe Zimmermann, adjoint au maire en question de sécurité, domaine public;

Au téléphone : Mme Cassandre Schwarz, météorologue au SCHAPI

Absents de la réunion

Marc Lejay, journaliste

Camille Grimaud, journaliste

Les différentes mairies de quartier recevront le compte-rendu en copie pour information.

Se réunissent aujourd'hui, le lundi 25 Février 2019, à 14H00

Au siège de la rédaction des Dernières Nouvelles d’Alsace,

17, rue de la nuée bleue, 67000 Strasbourg

Au sujet de la crue du Rhin qui s'annonce dans les jours suivants.

L’ordre du jour est le suivant :

  1. À la une : Alerter la population

  2. Information du Schapi

  3. M. Zimmermann : informations à déléguer aux Strasbourgeois

  4. Qui contacter en cas de besoin ?

  5. Accessibilité de la rédaction

  6. Dispense des employés pompiers-volontaires

Compte rendu rédigé par Marion Durr, journaliste secteur Strasbourg centre.

  1. Avis de la direction de la rédaction :

Priorité N°1 en Alsace : alerter la population

Les événements de politique internationale ne feront pas la une ces temps-ci, le droit à l'information générale sur les risques majeurs s'applique. Les habitants de l'Eurométropole et de la région ont perdu la mémoire collective de la vie avec les cours d’eaux. De même, faute d’aménagements agro-industriels et d’urbanisation intense, ils ne connaissant plus les crues, et ne sont plus familiers avec les comportements à adopter afin d'éviter les dangers  directs (masses d’eaux mobilisées et éventuels torrents) et indirects (sanitaires) possibles.

Afin de pouvoir communiquer de façon correcte et adaptée à la situation, tout article des DNA doit se restreindre à une communication très factuelle et s'interdire des formulations sujettes à d'éventuelles mauvaises interprétations.
Comme entité médiatique, nous devons nous assurer que chaque lecteur prenne conscience de sa propre vulnérabilité face aux risques et puisse l’évaluer afin de la minimiser.

Directives rédactionnelles : clarté des textes, mise-en-page aérée.

  1. Clarifications techniques via les explications d’une météorologue du Schapi/Vigicrue (Météo-France) : Cassandre Schwarz au téléphone

Quelles dimensions aura la crue ?

Mme Schwarz : Les fortes précipitations des dernières semaines sont responsables du niveau de saturation des sols dans la région Grand Est et dans le sud de l’Allemagne. D’ailleurs, cette capacité de saturation a été fortement réduite par les aménagements urbains et d’autres mesures d’imperméabilisation des sols. L’aménagement du cours du Rhin pour la navigation la restreint d’avantage. En clair les masses d’eau dues à la fonte des neiges qui vont arriver à Strasbourg auront considérablement accéléré puisque le fleuve n’a que très peu de possibilités de s’étendre sur les terres agricoles. Le polder d’Erstein et les barrages sont également presque remplis. Ils ne pourront alors pas agir de façon effective contre une augmentation temporaire du niveau de l’eau. Pour faire court : l’Eurométropole devrait se préparer à une crue relativement violente et dangereuse pour un fleuve de la taille du Rhin, car les masses d’eaux arrivent à grande vitesse. Cela veut dire que des inondations vont se produire au bord du Rhin et notamment au bord des affluents qui circulent à des vitesses moins fortes. Leur débit ne pourra plus pénétrer le bassin du Rhin, déjà plein.

Quels quartiers seront particulièrement touchés ?

Mme Schwarz : La grande île du centre, la plaine des Bouchers et la Montagne Verte ainsi qu’Illkirch et Koenigshoffen se trouvent clairement dans le périmètre à risque. Si vous souhaitez visualiser cela, je vous conseille de vous familiariser avec les tronçons de Strasbourg définis par Vigicrue. Ces cartes sont accessibles sur notre site internet, elles peuvent vous donner une idée de la dynamique hydrique dans votre ville.

Que pouvons nous prévoir en terme de durée de la crue à Strasbourg ?

Mme Schwarz : C’est difficile à prévoir avec exactitude. Je dirais raisonnablement une bonne semaine. Dans tous les cas, la décrue, c’est-à-dire la période après le passage du pic de la crue que l’on appelle des fois aussi la vague d’une crue, prendra plus de temps que la montée à la hauteur d’eau maximale.

Quelle station de mesure de débit de hauteur d’eau est primordiale pour les éventuelles inondations à Strasbourg ?

Mme Schwarz : C’est très clairement la station Kehl-Kronenhof en Allemagne, exactement à hauteur de l’Eurométropole. Mais, chaque jour, Vigicrue publie également un bulletin de crue, très simple à interpréter. Je vous conseille de vous renseigner grâce à cet outil.

Directive rédactionnelle : Besoin d’exploiter l’intégralité de nos canaux de communication : format papier, web et mobile (point informatique : pouvons-nous réaliser des notifications d’alerte dans l’application DNA selon la localisation des utilisateurs?), utiliser les bulletins vigicrue.

  1. M. Zimmermann : informations à déléguer aux strasbourgeois

Selon le Plan communal de sauvegarde et le PPI, plan particulier d’intervention, les divisions de sapeurs-pompiers et des renforts de marins-pompiers ainsi que de l’armée, donc les forces de secours, se tiennent prêts pour garantir la sécurité de la population civile et des industries de l’Eurométropole.

Les signaux d'alerte (d’ailleurs tous définis selon le code national d’alerte, principe initié par la loi du 22 juillet 1987) arriveront chez les citadins selon plusieurs canaux : les panneaux d’affichage public, les médias publics et en cas d’urgence les sirènes pneumatiques. “Pour donner l’alerte, une sirène émet un signal prolongé ; modulé, montant et descendant ; de trois séquences séparées par un intervalle de cinq secondes. Chaque séquence est composée d’un signal modulé de 61 secondes, qui s’atténue ensuite pendant 40 s. Ce signal peut être schématisé ainsi :


La fin de l’alerte est également annoncée par une sirène émettant un signal continu de 30 secondes.”

Des centres d’accueil pour les personnes sans domicile fixe avec une capacité d’accueil de 150 personnes sont installés dans les gymnases Saint Florent à Cronenbourg et Guynemer au quartier de la Meinau.

D’autres centres pour les personnes qui doivent être évacuées se trouvent au gymnase de la Rotonde et au gymnase Heyritz à proximité relative des hôpitaux.

La municipalité appelle les Strasbourgeois à se mettre à l'abri du risque en se réfugiant dans des bâtiments, de préférence en hauteur. L’acte citoyen de s’inquiéter de la sécurité de p.ex. ses voisins ne doit jamais mener à la confrontation au risque. Il est alors préférable d’essayer de joindre et d’alerter son entourage via les télécommunications. Une fois que ceci est fait, il est important de débrancher tout appareil électronique. De ce fait, il convient de s’équiper avec une radio à piles afin de pouvoir continuer à accéder aux informations transmises aux citoyens.

En cas d’évacuation il est important de ne pas prendre l'ascenseur et de ne pas revenir sur ses pas et de respecter toute consigne des secours. Après le retour dans les lieux évacués et inondés, il est indispensable d’aérer et de désinfecter les pièces, de chauffer dès que possible mais d’attendre de rétablir l’électricité après le séchage des installations.

Ces instructions sont extrêmement importantes. Néanmoins la crue est techniquement maîtrisée ce qui rend des scénarios d’évacuations massives très improbables. Il convient de rappeler ces directives comme code de bonne conduite lors d’une crue, mais en aucun cas ne faut-il insister sur la possibilité que de tels besoins se produisent réellement dans les prochains jours. Dans ce contexte, il serait souhaitable de rappeler aux lecteurs des DNA que tous les élèves et agents publics reçoivent régulièrement des formations de sécurité civile, une sensibilisation aux risques majeurs, dont les inondations, et une rapide formation aux premiers secours. Ceci renforce la sécurité civile en rendant tous les Français des acteurs à part entière de leur sécurité.

D’ailleurs, chaque établissement scolaire du Bas-Rhin est équipé avec un lot de crise et une mallette de première urgence fournies dans le cadre du plan particulier de mise en sûreté face aux risques majeurs (PPMS). Les lots de documents de crise contiennent :

PPMS de l’école (version complète) ;

• lot de tableaux d’effectifs vierge ;

• lot de fiches individuelles d’observation ;

• lot de fiches conduites à tenir en première urgence ;

• projet(s) d’accueil individualisé et traitement associé ;

• plan(s) indiquant l’ensemble des lieux de mise en sûreté / confinement de l’école.

Cet ensemble aide à gérer la crise de façon ordonnée et en règle avec le PPMS.

Le lot matériel d’organisation de crise pour sa part est constitué de

brassards (pour identifier les personnes ressources) ;

• radio à piles (avec piles de rechange) et inscription des fréquences de France Bleu Creuse radio locale conventionnée par le préfet ;

• rubans adhésifs (larges) ;

• ciseaux ;

• linges, chiffons, essuie-tout ;

• lampe de poche avec piles ;

• gobelets ;

• seau ou sacs plastiques (si pas d’accès W-C) ;

• eau potable (si pas d’accès point d’eau) ;

• jeux de cartes, dés, papier, crayons …

Il aidera aux agents sur place d’occuper les enfants afin d’instaurer une ambiance de sécurité même en temps de crise.

Pour pouvoir agir face aux problèmes de santé, petits accidents ou autre, la mallette de première urgence, en conformité avec celle du protocole des soins et des urgences est équipée de :

savon de Marseille ;

• antiseptique ;

• sucres enveloppés ;

• flacons de solution hydro alcoolique (SHA) ;

• dosettes de sérum physiologique ;

• pince à échardes ;

• paire de ciseaux ;

• thermomètre frontal ;

• couverture iso thermique ;

• coussin réfrigérant ou compresses watergel ;

• compresses individuelles ;

• mouchoirs en papier

• garnitures périodiques

• pansements adhésifs hypoallergiques et sparadrap ;

• pansements compressifs ;

• bandes de gaze de 5 cm, 7 cm et 10 cm et filets à pansement ;

• écharpe de 90 cm de base ;

• talkiewalkies ;

• masques de protection dits « chirurgicaux » ou « anti-projections ».

Les établissements scolaires sont appelés à vérifier l’état complet de ces équipements.

Attention à ne pas diffuser des informations fausses et inquiétantes. Il semblerait qu’une habitante du nom de Charlotte Töricht annonce une crue catastrophique sur les réseaux sociaux. Soyons clairs : Ce n'est pas Armageddon, faisons alors attention à ne pas donner cette impression ! Nous pouvons nous référencer à la crue décennale de janvier 2018 qui, grâce à la maîtrise technique du fleuve, n’a causé quasiment pas de dégâts.

Directives rédactionnelles : rester factuel, rappeler les préventions prises dans les établissements publics, ne pas semer la panique !

  1. Qui contacter en cas de besoin ?

Informations :

Les actions de sécurité civile sont pilotées par le Service Interministériel de Défense et de la Protection Civile (SIDPC) qui dépend du préfet. Ce service tient informées les Mairies de la situation.

Besoins particuliers :

  • Pompiers 112/18

  • SAMU 15

  • Gendarmes 17

  • Pour personnes sourdes ou malentendantes 114

  • Solidarité de voisinage : ne jamais se mettre en danger.

  1. Accessibilité de la rédaction

Si le niveau du Rhin dépasse 6 mètres à la station Kehl-Kronenhof (en temps normal c’est entre 2 et 3 mètres), l'accès sécurisé aux locaux n’est plus garanti, la rédaction reste alors fermée. Les rédacteurs sont appelés à travailler à domicile. Des vidéoconférences seront tenues quotidiennement.

  1. Dispense des employé.e.s pompiers-volontaires

Tous les rédacteurs engagés dans des missions de sécurité civile sont dispensés immédiatement et jusqu’au retour à la normale.

 

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Ce contenu fait partie du parcours temporel "Crue du Rhin, entre science et fiction" conçu par le Master Sciences et société de l'Université de Strasbourg.

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