"Fessenheim : après la crue, des questions refont surface", un article du 9 mars 2019
Alors que le débit du Rhin est passé la nuit dernière en dessous des 7 000m3/s et que la décrue s’amorce, les nouvelles de la Centrale nucléaire de Fessenheim, qui n’a subit qu'une avarie mineure, sont rassurantes.
Depuis maintenant 24h, le Rhin retrouve petit à petit son lit et devrait se retirer totalement des zones inondées aux alentours de mercredi prochain. Il laisse derrière lui de nombreuses familles sans toit ou sans électricité qui devront passer encore quelques nuits dans les centres d’urgences mis à disposition par la préfecture et les mairies. Si l’on signal plusieurs dizaines de blessés sur l’ensemble des départements du Haut et du Bas Rhin, il semble que la catastrophe est été évitée puisque le Ministère de l’intérieur ne dénombre pour le moment aucun mort. Et tandis que les assurances dépêcheront sur place leurs experts en début de semaine prochaine pour évaluer les dommages, le gouvernement devrait dans les prochaines heures déclarer l’état de catastrophe naturelle.
Mais maintenant que l’heure de la décrue est arrivée, c’est un autre sujet qui semble inquiéter les habitants de la plaine d’Alsace. En effet depuis quelques jours, tous les regards sont rivés vers Fessenheim. La plus ancienne centrale nucléaire française a été l’objet durant le pic de crue des hypothèses les plus alarmistes, notamment sur les réseaux sociaux. A ce sujet EDF se veut rassurant et indique que la centrale n’a rencontré aucun problème majeur durant l’épisode de crue. Le porte parole d’EDF Grand Est a ajouté que « la digue du Rhin et les digues secondaires ont fait leur travail ».
Mais alors que l’Agence de Sureté du Nucléaire (ASN) devrait arriver sur place dans les prochains jours, certaines sources font état d’un dysfonctionnement des pompes de refroidissement. Un témoignage anonyme interne de la centrale rapporte que vendredi dernier des débris charriés par la crue ont entrainé l’obstruction des pompes obligeant le personnel du site à mettre en route le système auxiliaire. Cet incident qui n’a eut aucun impact sur la production de la centrale ou sa sécurité remet néanmoins sur le devant de la scène la question d’un possible incident en cas de crue.
Si l’obstruction des pompes assurant le refroidissement de la centrale a pu être contourné et que les digues ont tenu bon, le risque de voir apparaitre un scénario semblable à celui de Fukushima n’est pas exclu. Fessenheim présente la même singularité que celle mise en avant par l’incident japonais. La centrale se trouvant dans une zone sismique à risque, un séisme fragilisant la digue et créant une lame d’eau n’est pas à écarter et serait à l’origine d’une véritable catastrophe. En espérant que cet incident sans conséquence puisse relancer le débat sur la fermeture de la doyenne des centrales nucléaires françaises.
Mireille Petitverglas
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