Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien : déterminismes environnementaux et actions de l'Homme
Ressource documentaire
Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien : déterminismes environnementaux et actions de l'Homme
Les « Hautes-Chaumes » des Vosges constituent des milieux naturels caractérisés par l'existence de vastes espaces pastoraux. Leur origine et leur évolution n'avaient jusqu'à présent donné lieu qu'à peu d'études paléoenvironnementales. Classiquement, une faible partie des Chaumes était jusqu'à présent considérée comme naturelle (chaumes « primaires »). Pour les autres (chaumes « secondaires »), en dessous, de 1300/1250 m d’altitude, il avait été proposé sur la base de l’analyse des archives historiques, qu’elles résultent des défrichements effectués pour créer des pâturages d'altitude vosgiens et qu’elles soient l’oeuvre des moines qui ont colonisé les vallées vosgiennes entre les VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Notre travail a cherché à établir l’origine et l'évolution de ces milieux, à la fois à des échelles locales et à une échelle de temps longue (Holocène). La méthodologie employée ici repose sur l'analyse des sols et des macro et micro-restes végétaux des sols, seuls marqueurs en mesure de nous permettre de telles reconstitutions. La pédoanthracologie en particulier nous a permis de mettre en évidence les évolutions contrastées des chaumes. Nos résultats établissent qu’il n’y a pas de chaumes « primaires », mais qu’elles résultent toutes de défrichements. L’ensemble des chaumes et des forêts sommitales a subi, depuis la fin du Néolithique, les influences répétées de l'Homme - notamment des défrichements par le feu. Dans le massif du Hohneck, ces défrichements datent au moins de l'âge du Bronze ancien, démontrant la précocité de l'utilisation par l'Homme de ces espaces comme pâturages. Quant au massif du Rossberg, les premiers défrichements ont une origine légèrement plus tardive (Bronze moyen). Les évolutions de ces milieux ont depuis été contrastées, avec des alternances d'abandons et de ré-exploitations pastorales. Quoi qu'il en soit, les défrichements intervenants plus tard au cours de la Protohistoire, l'Antiquité et l'Histoire peuvent être considérés comme des reconquêtes d'espaces ouverts par le feu puis abandonnés (donc secondaires). Ce travail remet donc en cause à la fois l'existence de chaumes « primaires » et l'âge supposé médiéval des premiers défrichements sur les chaumes considérées comme « secondaires » par les historiens, telles que celles du Rossberg. Les contrastes chronologiques des épisodes de défrichement entre les deux massifs soulignent également la nécessité d’aborder cette thématique à des échelles très locales.. The « Hautes-Chaumes des Vosges » constitute natural environments characterized by the existence of vast grasslands. Their origin and their evolution were not often studied by paleo-environmental studies. Classically, a weak part of these « Chaumes » was until yet considered as natural (« primary » grasslands). For the others (« secondary » grasslands), under 1250/1300 m a.s.l., it was proposed that, on the base of historical archives, they result from clearings with the aim of creating altitudinal pastures. Moreover, it was assumed that the forest clearings were linked with the colonization from the the Vosges valleys by the monks, between the 6th and the 8th centuries after J.-C. Our purpose was to establish the origin and evolution from these ecosystem, on local scale and on a long scale of time (Holocene). The methodology used here is based on soil analyses and on vegetation macro and micro-remains from soils, which are the only markers able to establish these type of reconstitutions. Pedoanthracology in particular can highlight the contrasted evolutions of the chaumes. Our results establish that there are no « primary » grasslands, but that all grasslands result from clearings. The whole grasslands and forest/pastures ecotone have undergone, since the end of the Neolithic era, the re
Les « Hautes-Chaumes » des Vosges constituent des milieux naturels caractérisés par l'existence de vastes espaces pastoraux. Leur origine et leur évolution n'avaient jusqu'à présent donné lieu qu'à peu d'études paléoenvironnementales. Classiquement, une faible partie des Chaumes était jusqu'à présent considérée comme naturelle (chaumes « primaires »). Pour les autres (chaumes « secondaires »), en dessous, de 1300/1250 m d’altitude, il avait été proposé sur la base de l’analyse des archives historiques, qu’elles résultent des défrichements effectués pour créer des pâturages d'altitude vosgiens et qu’elles soient l’oeuvre des moines qui ont colonisé les vallées vosgiennes entre les VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Notre travail a cherché à établir l’origine et l'évolution de ces milieux, à la fois à des échelles locales et à une échelle de temps longue (Holocène). La méthodologie employée ici repose sur l'analyse des sols et des macro et micro-restes végétaux des sols, seuls marqueurs en mesure de nous permettre de telles reconstitutions. La pédoanthracologie en particulier nous a permis de mettre en évidence les évolutions contrastées des chaumes. Nos résultats établissent qu’il n’y a pas de chaumes « primaires », mais qu’elles résultent toutes de défrichements. L’ensemble des chaumes et des forêts sommitales a subi, depuis la fin du Néolithique, les influences répétées de l'Homme - notamment des défrichements par le feu. Dans le massif du Hohneck, ces défrichements datent au moins de l'âge du Bronze ancien, démontrant la précocité de l'utilisation par l'Homme de ces espaces comme pâturages. Quant au massif du Rossberg, les premiers défrichements ont une origine légèrement plus tardive (Bronze moyen). Les évolutions de ces milieux ont depuis été contrastées, avec des alternances d'abandons et de ré-exploitations pastorales. Quoi qu'il en soit, les défrichements intervenants plus tard au cours de la Protohistoire, l'Antiquité et l'Histoire peuvent être considérés comme des reconquêtes d'espaces ouverts par le feu puis abandonnés (donc secondaires). Ce travail remet donc en cause à la fois l'existence de chaumes « primaires » et l'âge supposé médiéval des premiers défrichements sur les chaumes considérées comme « secondaires » par les historiens, telles que celles du Rossberg. Les contrastes chronologiques des épisodes de défrichement entre les deux massifs soulignent également la nécessité d’aborder cette thématique à des échelles très locales.. The « Hautes-Chaumes des Vosges » constitute natural environments characterized by the existence of vast grasslands. Their origin and their evolution were not often studied by paleo-environmental studies. Classically, a weak part of these « Chaumes » was until yet considered as natural (« primary » grasslands). For the others (« secondary » grasslands), under 1250/1300 m a.s.l., it was proposed that, on the base of historical archives, they result from clearings with the aim of creating altitudinal pastures. Moreover, it was assumed that the forest clearings were linked with the colonization from the the Vosges valleys by the monks, between the 6th and the 8th centuries after J.-C. Our purpose was to establish the origin and evolution from these ecosystem, on local scale and on a long scale of time (Holocene). The methodology used here is based on soil analyses and on vegetation macro and micro-remains from soils, which are the only markers able to establish these type of reconstitutions. Pedoanthracology in particular can highlight the contrasted evolutions of the chaumes. Our results establish that there are no « primary » grasslands, but that all grasslands result from clearings. The whole grasslands and forest/pastures ecotone have undergone, since the end of the Neolithic era, the re