Fuir l'atmosphère
Comprendre le déclin de l’étude de l’astronomie depuis le sol terrestre est un enjeu clé pour assimiler les raisons de la fuite vers l’espace. Pour cela, il faut remonter à la fin du 19ème siècle et retracer l’évolution de l’astronomie qui se subdivise en plusieurs domaines. Nous avons notre instrument des passages de Steinheil qui date de la fin du 19ème siècle et qui est utilisé depuis l’Observatoire de Strasbourg. Cependant nous pouvons nous interroger sur l’utilisation de ces instruments de nos jours. Est-ce que nous observons encore les astres depuis cet Observatoire ? La réponse est non car il y a eu nettement un changement de perspective. Il est intéressant de se demander comment la lunette méridienne était utilisée durant tout un siècle jusqu’à l'apparition des satellites de mesure.
Tout d’abord, l’essor du développement de « l’astronomie de position » a débuté en 1882 où de nombreux observatoires ont vu le jour partout dans le monde. Ce domaine de concurrence avait pour but l’étude de la position précise des astres ; ils cherchaient absolument à posséder la plus grande lunette possible. Ce n’est qu’en 1919 où Ernest Esclangon, directeur de l’observatoire devenu français, innove l’observatoire et dirige l’équipe qui a amélioré tous les instruments. Il s’intéresse notamment à la chronométrie qui consistait à synchroniser les horloges à l’instant de passage de certaines étoiles au travers de la lunette méridienne. La capacité de mesurer le temps était donc intimement lié aux étoiles. A partir de 1923, les nuisances sonores des activités humaines commence à affecter le travail des astronomes. La première solution a été donc d’isoler ces horloges, dans une salle aménagée, dans les caves de la lunette méridienne. La mesure du temps a permis de faire de grandes avancées dans les travaux astronomiques puisque la précision des mesures astronomiques n’était plus limitée à des manipulations mécaniques et optiques d’instruments d’observations.
Par ailleurs, pendant l’entre-deux guerres, un nouvel axe de recherche « l’astrophysique » s’ajouta à l’astronomie de position. De ce fait, sous la gouverne de Danjon, l’invention du prisme à vision, dans le but de mesurer les vitesses radiales des astres, est une évolution remarquable pour l’histoire de l’astronomie. Danjon prôna l’observation qui est donc resté un outil central et utile pour repousser les limites de la science.
Après la seconde guerre mondiale, au tour de Pierre Lacroute d’être à la tête de l’observatoire. Il aperçoit que les observations astrophysiques de qualités ne peuvent plus se faire à proximité de la ville en raison du climat défavorable. Il restitue l’intérêt envers la lunette méridienne en orientant l’observatoire vers « l’astrométrie », anciennement appelée l’astronomie de position. Ainsi, la lunette a permis de mesurer précisément la position d’étoile sans être perturbée par les nuisances sonores. Sauf que l’axe méridien a, tout de même, été sujet aux perturbations atmosphériques provoquées par l’urbanisation de la ville.
En 1963, Lacroute est réaliste et se rend compte que l’astrométrie a atteint sa limite et les observations à partir du sol deviennent infaisable. En effet, la pollution et la construction de grand bâtiments ont nui au bon fonctionnement de la lunette méridienne puisque le passage au méridien n’était plus visible. De ce fait, il prédit l’importance de placer des instruments dans l’espace. En 1973, se réalisa enfin le projet de « fuir l’atmosphère » avec l’agence spatiale européenne qui développa le satellite Hipparcos. Il sera lancé en 1989 et remplira les objectifs scientifiques à savoir la mesure des positions exactes et du mouvement propre des étoiles. Les résultats auront dépassé leurs attentes ; plus de 2,5 millions d’étoiles ont été enregistrés dans leurs bases de données. En définitive, la pratique de l’astronomie depuis la terre s’était développée au mieux mais avait atteint sa limite au vu des activités modernes de l’Homme. Paradoxalement, ces propres activités humaines ont été bénéfique par la construction d'une alternative à la lunette méridienne à savoir des satellites nettement plus précis et efficace.
Bibliographie :
- Site Unsplash, image de la vignette.
2006, « Sommaire objets mobiliers », Grand Est, Inventaire Général du Patrimoine Culturel
Commentaire(s)
Ajouter un commentaire