12-13/12/15 Premiers jours à Concordia
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce fut une semaine bien chargée… Nous avons donc atterri vendredi soir, à l'heure du diner. Après notre premier repas à Concordia, notre lit semblait la suite logique après une épuisante journée. Je ne suis pas logé dans la base elle-même mais dans une grande tente à armatures métalliques située à environ 200m de la base. La base elle-même ne comporte pas assez de chambres pour tout le monde au cours de l'été, et beaucoup de « campagnards » sont logés dans ce qui est appelé le camp d'été, un peu à l'écart. Je partage la tente avec 7 autres personnes, faisant quasiment toutes parties de notre groupe à Hobart. Elle est chauffée par un vieux poêle à mazout qui fait un boulot formidable. Et même trop, car la première nuit fut étouffante à cause de la chaleur dans la tente, l'altitude et la sècheresse de l'air.
Après cette première nuit sans réel sommeil, le repos était de mise. La découverte de la base également, car tout ici a un fonctionnement un peu particulier.
Les tentes sous le soleil de minuit. On distingue au fond les deux tours de Concordia. La routine matinale est alors de marcher quelques minutes par -30°C pour avoir son premier café…
C'est aussi pour moi le moment de retrouver Luciano, que j'avais rencontré à Strasbourg lors de sa formation en sismologie. Il est arrivé il y a 3 semaines, et ne repartiras que... dans 14 mois. Luciano fait parti des 13 hivernants qui passeront 9 mois coupés du monde à Concordia. C'est lui qui sera en charge de toutes les mesures géophysiques au cours du long hiver qui l'attend. C’est donc avec lui que je vais travailler durant les 4 prochaines semaines.
Il y a 4 tentes à Concordia, pouvant chacune abriter jusqu’à 8 personnes, et l’intérieur est finalement assez vaste. Ça sera ma chambre pour les 5 prochaines semaines !
Un bureau m’attend dans le labo de sismologie qui se trouve au dernier étage d'une des tours. Des étagères regorgent de matériel en tout genre, avec lequel je fait peu à peu connaissance. Il est aussi important que je me familiarise avec la configuration du PC déjà sur place, car c'est avec lui que je passerai 90 % de mon temps de travail. En un mot, je prends mes marques. Il faut aussi mettre la main sur tout le matériel nécessaire à l'installation de la nouvelle station sismologique.
Au deuxième matin, l'acclimatation fait lentement son œuvre. La première tâche de la journée consiste à configurer le Quanterra Q330 pour la nouvelle station. Cet appareil est branché directement au sismomètre et se charge d'acquérir, enregistrer et transmettre les données en temps réel. J’ai répété ce travail de nombreuses fois à Strasbourg mais évidemment, rien ne se passe comme prévu. Rien à faire, nous ne pouvons pas communiquer avec le Q330 à travers le réseau. Après plusieurs heures de galère, Luciano trouve enfin la solution et nous finissons la configuration. Elle aurait dû prendre une petite heure et nous en aura occupé 5.
Le deuxième objectif est de trouver la source de l'arrêt de la chaine d'acquisition de secours des sismomètres. En effet, afin de garantir la continuité parfaite de l'acquisition des données, les données sont enregistrées sur plusieurs ordinateurs qui les envoient indépendamment en temps réel vers Strasbourg. Or la chaine d'acquisition de secours n'envoie plus de données depuis le 28 novembre. Il faut donc trouver la source du problème et la réparer. Ce sera en réalité assez simple, le disque dur d'un des ordinateurs est plein et l'écriture des données n'est plus possible. Après une semaine de voyage, voilà enfin une journée productive !
(CC) BY-NC-SA
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