Dorothée Rusque, doctorante à l’Université de Strasbourg, travaille au travers de sa thèse, sur le naturaliste alsacien Jean Hermann et les constructions de réseaux. Avec sa complicité et celle du Jardin de sciences, le Master Design de la Faculté des Arts s'est intéressé à cette figure locale. Accompagnés par leur enseignante, Amélie Lecocq, les étudiants ont cherché, avec leurs outils créatifs, à traduire des données abstraites sur un mode visuel, à mettre en scène des contenus, ou encore à organiser l’information pour la rendre accessible, et faire émerger des relations créant des dialogues entre les données.
Le naturaliste a donc été l'objet de toutes les attentions, lui ou plutôt ces données, collectées, produites, annotées, ... Jean Hermann n’a pas voyagé, ce n’était pas un explorateur mais un naturaliste de cabinet. Sa correspondance lui a permis d’acquérir des pièces du monde entier grâce à des échanges avec des visiteurs, des auditeurs et des collectionneurs. Cette correspondance permet de suivre la circulation et le commerce des objets (origine, parcours, délais, nature, etc), fait émerger des structures de réseaux, des interconnections et une expansion spatiale à travers le temps. Sa collection, à l’origine de l'actuel Musée Zoologique de Strasbourg, où son cabinet d’histoire naturelle se tenait, comprend une grande diversité d’objets : spécimens naturalisés, échantillons de faune, flore et minéraux, ainsi que des carnets de dessins, des livres, diverses listes ou descriptions textuelles et visuelles. L’ensemble de ces éléments constitue un matériel de cours inédit. Par des figures illustrées, des annotations, des légendes, des classifications, un travail de mise en page, de mélange de médias, de mise en comparaison, l’usage de grilles de construction, les objets dialoguent sur les planches pédagogiques. Par ces procédés, Jean Hermann a fait émerger des notions et les a transmises. Ces planches constituent les prémices d’un travail de graphiste et didacticien de l’image. Il a donné une nouvelle facette au travail de naturaliste et de savant et a établit de nouvelles représentations. Un des passe-temps d’Hermann était également l’élaboration de chimères. Ces créatures imagées, présentes sur certaines planches, font écho à la place singulière des « curiosités » dans sa démarche et illustrent la double casquette de Jean Hermann, savant rigoureux pour ces cours et amateur passionné dans le même temps, au cœur des paradoxes de son époque.
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