"Crues du Rhin : peut-on les empêcher ?", un article du 7 janvier 2019
Mireille Petitverglas écrit un compte rendu journalistique sur les crues du Rhin et la relation de l'Homme avec le fleuve. Son article parait un an après les crues de 2018 et dressse un bilan.
Crues du Rhin : peut-on les empêcher ?
Il y a tout juste un an, de fortes crues inondaient la bassin Rhénan. Depuis longtemps, l’Homme tente d’endiguer ce phénomène qui, loin d’être exceptionnel, arrive en moyenne toutes les décennies.
En janvier 2018, de fortes crues touchent la région rhénane. A Bâle, le Rhin a atteint un niveau si haut que les autorités ont interdit la navigation des péniches, des petites embarcations et des navettes fluviales. En aval, des mesures ont été prises à temps pour éviter les effets de la crue, notamment à Strasbourg. Le polder d’Erstein a été inondé pour diminuer le débit du fleuve. Cependant, la navigation a été complètement arrêté aux environs de Kehl, et la passerelle des deux rives a été fermée. Les crues ont donc été contrôlées à temps..
Avant les travaux d’aménagement du Rhin, le fleuve de 1320 km de long était très sauvage. Des dépressions humides aux levées sèches graveleuses, la biodiversité aquatique et terrestre importante reflétait la variété des écosystèmes. Mais progressivement le fleuve subit plusieurs vagues d’aménagements car les autorités françaises et allemandes ambitionnent de canaliser et d'asservir le Rhin.
Au XVIIIème siècle, des travaux de correction confinent le fleuve dans un lit mineur de 200 à 300 m de large et créent des digues terrestres. Il s’agit de protéger les populations contre les inondations, mais aussi contre les risques sanitaires des populations. En effet, le bassin rhénan est victime d’un paludisme endémique. Les deux pays veulent aussi créer une frontière fixe et agrandir l’espace disponible pour les terres agricoles. Seulement, ces travaux de correction du Rhin accentuent le processus naturel d’érosion et rendent la navigation difficile.
Trente ans plus tard, des projets de régularisation (1906-1960) allongent artificiellement le cours du Rhin par la création d’épis dans le lit mineur. Les bateaux circulent à nouveau. Enfin, la canalisation du Rhin (1928-1977) a permis de construire dix usines hydroélectriques sur des canaux, parallèles au Rhin corrigé et d’améliorer une nouvelle fois la navigation. Grâce à ces grands travaux d'aménagements hydrauliques pour la navigation et l'hydroélectricité, le Rhin est le premier fleuve commercial d’Europe. Cependant, il ne présente quasiment plus aucune caractéristique naturelle et les travaux entraînent de nombreux problèmes : disparition du tressage, assèchement des milieux terrestres et de la forêt alluviale, et enfin disparition drastique des zones inondables naturelles (comme la large plaine alluviale d’Alsace). En aval du secteur canalisé, les problèmes de crues se sont aggravés. Les inondations dans le secteur strasbourgeois sont donc en partie la conséquence des aménagements historiques du Rhin.
Des actions d’envergure sont actuellement menées dans le but de restaurer le fonctionnement naturel de l’écosystème rhénan, notamment par la renaturation et la reconnexion de certains axes fluviaux. La création de polders au niveau d’erstein et de la Moder ainsi que 4 autres en Allemagne permettent de gérer les inondations de façon durable et de rétablir des écosystèmes alluviaux proches de ceux qui existaient avant les grands aménagements. Comme nous l’avons vu, chaque type d’aménagement du Rhin a produit son lot d’effets indésirables. Cette fois, le projet d'ingénierie du fleuve se veut durable et écologique, mais peut-il avoir des conséquences négatives inattendues à long terme ?
Sources
- http://www.aleaulaterre.fr/wp-content/uploads/2011/02/polders.pdf
---Ce contenu fait partie du parcours temporel fictionnel intitulé "Quand le Rhin, déborde..."
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