Dossier
Édito 

Les modifications socio-économiques et les changements environnementaux et climatiques sont identifiés comme des facteurs qui contribuent à l’expansion des populations de tiques et des maladies transmises par les tiques. Cependant, il manque une analyse approfondie des différentes pratiques humaines et sociales, présentes et passées, qui ont favorisé une installation durable des tiques dans notre environnement. Nous proposons d’identifier et d’étudier ces pratiques afin de faire un état des lieux dans une zone géographique donnée, l’Argonne. Cette région, par l’étendue de ces forêts et la diversité de sa faune sauvage, constitue un site d’étude privilégié. Nous mobiliserons dans ce projet de sciences participatives le maximum d’acteurs de terrain (gestionnaires forestiers publics et privés, chasseurs, propriétaires, agriculteurs, associations locales et d’environnement, grand public et professionnels de santé…) afin de cerner les dynamiques en jeu. Cet état des lieux permettra de cartographier les zones à risque de tiques et maladies à tique et d’identifier les principales raisons de leur expansion afin de développer par la suite des méthodes de contrôle des populations de tiques et des mesures de prévention adaptées à chacun des acteurs de terrain.

Contexte : 

Les tiques, notamment Ixodes ricinus, évoluent principalement dans des environnements forestiers car elles sont très sensibles à la sécheresse. La faune sauvage est essentielle à leur survie car elles se nourrissent, entre autres, sur les rongeurs, les oiseaux et les cervidés. En Europe, les tiques ont augmenté depuis la moitié du XXe siècle mais des études longitudinales manquent pour correctement le documenter. En parallèle, les professionnels de santé constatent depuis ces dernières décennies une augmentation du nombre de cas de maladies transmises par les tiques en France métropolitaine. Ces tiques peuvent transmettre notamment la bactérie responsable de la borréliose de Lyme.

Les modifications socio-économiques et les changements environnementaux et climatiques sont identifiés comme des facteurs qui contribuent à l’expansion des populations de tiques et des maladies transmises par les tiques. Cependant, il manque une analyse approfondie des différentes pratiques humaines et sociales, présentes et passées, qui ont favorisé une installation durable des tiques dans notre environnement. Nous proposons d’identifier et d’étudier ces pratiques afin de faire un état des lieux dans une zone géographique donnée, l’Argonne. Cette région, par l’étendue de ces forêts et la diversité de sa faune sauvage, constitue un site d’étude privilégié. Nous mobiliserons dans ce projet de sciences participatives le maximum d’acteurs de terrain (gestionnaires forestiers publics et privés, chasseurs, propriétaires, agriculteurs, associations locales et d’environnement, grand public et professionnels de santé…) afin de cerner les dynamiques en jeu. Cet état des lieux permettra de cartographier les zones à risque de tiques et maladies à tique et d’identifier les principales raisons de leur expansion afin de développer par la suite des méthodes de contrôle des populations de tiques et des mesures de prévention adaptées à chacun des acteurs de terrain.

Objectifs concrets :

  • Faire un état des lieux de la présence des tiques et des maladies à tiques en Argonne par :

˗    une collecte des tiques sur le terrain et sur les personnes et une recherche de pathogènes par biologie moléculaire dans ces tiques.

˗    une mobilisation des acteurs de la santé : médecins, pharmaciens, la MSA, le centre de recherche clinique sur les maladies à tiques de Strasbourg-Nancy, le Centre National de Référence Lyme et l’ARS Grand Est.

˗     un dispositif d’enquête et d’échanges en sciences sociales et participatives co-construits avec les acteurs de terrain (forestiers, chasseurs, propriétaires, agriculteurs…), les associations Nature et le grand public, pour des échanges de savoirs et de perceptions et une dynamique partagée (avec des temps d’observation, des entretiens, la tenue de forums participatifs, etc.).

  • Faire un état des lieux des pratiques forestières passées et présentes qui ont pu impacter les populations de tiques en Argonne. La tique prolifère principalement en zone forestière. On la trouve dans l’humus avec une hygrométrie de 80 %. Une collaboration avec les gestionnaires de forêts privées et avec l’Office national des Forêts de l’Argonne est ainsi envisagée. La modification du paysage par l’agriculture en induisant une fragmentation du paysage contribue également à la prolifération des tiques.
  • Faire un état des lieux de la faune sauvage avec les chasseurs et naturalistes argonnais. La tique ne se nourrit que de sang. Les animaux sauvages sont donc essentiels à sa survie. Rongeurs et cervidés sont des acteurs majeurs dans ce processus ; les oiseaux également par leur rôle disséminateur des tiques et donc des pathogènes.
  • En coopération avec des historiens de la région, il pourra également s’agir d’analyser des pratiques humaines et sociales présentes et passées qui ont potentiellement impacté les populations de tiques (augmentation de la couverture forestière, désertification rurale, modifications des pratiques agricoles).

 

Résultats espérés en termes de santé publique

À partir des différentes interactions avec les acteurs de terrain, il s'agira de faire avancer la recherche sur les tiques, maladies à tiques et pratiques humaines et sociales liées en Argonne en :

  • Faisant une ou des cartographies des zones à risque de tiques et maladies à tiques. Superposer les différents paramètres forestiers, agricoles, faune sauvage et activités humaines qui les impactent.
  • Développant des outils de prévention : diffusion d’outils d’information adaptés pour les médecins (fiche d’information dans les salles d’attente), pour les pharmaciens (spot pour l’écran télé des officines), pour les forestiers, les agriculteurs et les chasseurs (fiche d’information en ligne via leur site), pour le grand public (spot radio et télévisé pendant le pic d’activité des tiques, printemps principalement).
  • Produisant un document de synthèse multidisciplinaire sur les tiques et maladies à tiques en 3 volets, comprenant : (1) un état des lieux sur les tiques et maladies à tiques ; (2) une analyse des pratiques humaines et sociales passées et présentes impactant les populations de tiques, notamment avec une analyse des écosystèmes et de la faune sauvage, ainsi que des groupes professionnels en prise avec ces enjeux ; (3) des mesures qui pourraient être déployées pour limiter les tiques sur un plan environnemental et différents axes de prévention ciblés en fonction des acteurs de terrain, des professionnels de santé et le grand public.

Cette vaste entreprise ne peut être menée à bien sans une fine connaissance de l'Argonne... Et si nous arpentions ensemble ses paysages ?  

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