Billet

Les pratiques récréatives aux alentours des étangs de Belval (4)

Publié le
08 février 2022
par Aude Dziebowski
Mis à jour le
30 mai 2023
Sociologie
Les tiques in situ

Résumé : 

Cinq sites d'étude ont été retenus dans le cadre du volet sociologique du projet IdEx Tiques, proches ou semblables aux "sites ateliers" sélectionnés par la ZARG (voir notre billet "Zoom sur la ZARG (Zone Atelier en Argonne") et sur lesquels s'organisent les collectes de tiques par l'équipe travaillant sur le volet "santé" de l'IdEx.  Témoignant à la fois de la mosaïque des milieux de l'Argonne (des milieux tantôt "ouverts", à l'instar des espaces agricoles ; tantôt "fermés", comme le sont les forêts) et constituant des zones d'interface entre activités humaines et sociales et milieux hôtes pour la tique, ces différents sites incarnent les supports sur lesquels nous menons nos observations et entretiens sociologiques, afin d'analyser les pratiques qui ont favorisé l’émergence progressive des tiques et d'identifier les biotopes actuellement favorables aux tiques et à la circulation des pathogènes. Découvrons ensemble leurs spécificités ainsi que les divers jeux d'acteurs qu'ils abritent... 

Présentation du site d'étude : 

1. Localisation :

Source : Projet Zone Atelier en Argonne - ZARG 

La Réserve Naturelle Régionale des étangs de Belval-en-Argonne (51320) se déploie au sud de l'Argonne, dans le département de la Marne. Elle protège un site naturel exceptionnel de 203 hectares, connu de longue date par les naturalistes, tout particulièrement pour son intérêt avifaunistique.

Source : Réserve Naturelle Régionale des étangs de Belval 

2. Historique :

 Issus d'un unique étang creusé au XIIIème siècle puis subdivisé par des digues au XVIIIème siècle, les étangs de Belval-en-Argonne abritent une grande diversité de milieux (roselières, peuplements de nénuphars, saulaies, chênaie-charmaie, forêt alluviale, prairies, friches...) en connexion avec les forêts d'Argonne toutes proches. 

Durant plus de cinq-cent ans, les étangs de Belval-en-Argonne ont servi à approvisionner les alentours en poissons. Ils étaient également source d'autres activités pour les habitants de village, telles que la culture lors des assecs, la production de roseaux et de bois.

Acquis par un agriculture en 2007 afin d'intensifier les pratiques agricoles et piscicoles, le site a finalement été racheté en 2009 par plusieurs partenaires à des fins de protection, suite aux vives réactions de la population locale et des associations de protection de la nature face aux importants changements entrepris dès 2007 (mise en assec de l'étang du Bas puis mise en culture du fond de l'étang avec du maïs et du trèfle violet...).

Alors, le 7 juillet 2009, ce sont finalement Natuurpunt (association belge de protection de la nature), la commune de Belval-en-Argonne, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et le Conservatoire d'Espaces Naturels de Champagne-Ardenne qui signent l'acte de vente des étangs de Belval et en deviennent les gestionnaires. Trois ans plus tard, en juillet 2012, les étangs de Belval-en-Argonne sont classés en Réserve Naturelle Régionale.

3. Les étangs de Belval, un sanctuaire du patrimoine naturel argonnais :

« La réserve naturelle des étangs de Belval-en-Argonne présente une mosaïque d'habitats naturels très intéressante et caractéristique des étangs de Champagne humide. Certains de ces habitats sont très rares dans notre région :

·         Les étangs : avec environ 80 hectares de surface en eau, ce milieu est le plus représenté et favorise le développement d’une importante végétation aquatique sur le site. 

                                                                        © Aude Dziebowski

·         La roselière : Elle s’étend sur environ 60 hectares en bord d’étang. La roselière est l’un des milieux les plus importants du site car elle accueille un grand nombre d’espèces animales et végétales protégées.  La roselière constitue, en outre, un filtre naturel garantissant une bonne qualité des eaux. 

                                                                        © Aude Dziebowski

·         Les boisements :  ils forment une ceinture forestière sur la majeure partie des étangs. Ces boisements varient en fonction du gradient d’humidité (de la saulaie à la chênaie). Un grand nombre d’arbres mort est présent au sein de la réserve, ce qui favorise une biodiversité encore peu étudiée sur le site.

  

                                                                        © Aude Dziebowski

 

Chacun constitue un habitat privilégié pour https://reserve-etangs-belval-en-argonne.org/faune">une faune remarquable, intimement liée à l’eau et au milieu forestier :

·         les oiseaux : la RNR des étangs de Belval offre des conditions d’accueil favorables pour la reproduction, l’alimentation, la halte migratoire et l’hivernage de plus de 230 espèces d’oiseaux migrateurs ou nicheurs (échassiers, limicoles, canards, oiseaux paludicoles…)

·         les libellules : plus de 41 espèces de libellules ont été recensées sur le site depuis 2010, parmi lesquelles certaines sont rares et menacées (la Leucorrhine à gros thorax et la Leucorrhine à large queue)

·         les papillons de jour : plus de 41 espèces de papillons trouvent refuge dans les milieux boisés et de friche de la RNR

·         les amphibiens : une dizaine d’espèces, protégées pour la plupart, coassent dans les étangs de Belval.

·         les reptiles : quatre espèces de reptiles ont pris le site pour gîte, parmi lesquelles le lézard des souches et la couleuvre à collier.

·         les poissons : « Même si le but de la réserve n’est pas la production piscicole, des pêches traditionnelles au filet sont pratiquées. Ces pêches permettent d’inventorier les espèces présentes dans les étangs et de réguler la charge piscicole. »… quelques photos illustrent cette entreprise spectaculaire :

 

 

                                                                        © Aude Dziebowski

 

…Sans oublier la richesse floristique de la Réserve Naturelle Régionale des étangs de Belval, avec ses 273 espèces recensées au cours des dernières années, dont certaines rares et à forte valeur patrimoniale.

4. La règlementation de la réserve :

Si la RNR des étangs de Belval interdit la capture des espèces animales, la pêche dans les étangs et la chasse du gibier d’eau, elle autorise néanmoins la chasse au gros gibier. Aussi, une intention particulière est portée à la préservation et à la protection du biotope (et de sa tranquillité pour ses hôtes animaux et végétaux) : la fréquentation des lieux par le public se trouve rigoureusement encadrée.

5. Tourisme et loisirs aux abords des étangs de Belval :

Si la fréquentation du site est minutieusement règlementée, il n’en reste pas moins que les nombreux sentiers de découverte aux abords des étangs de Belval attirent de nombreux touristes et proches voisins, parfois rassemblés au sein de clubs de randonnée pédestre, équestre ou à vélo et d’associations de trail ou d’escalade, comme l’on en trouve en grand nombre dans la proche commune de Sainte-Ménéhould (51800), à une vingtaine de kilomètres de là. 

6. Acteurs-ressources pour l'IdEx Tiques :

Alors, nous nous intéresserons en premier lieu aux associations locales, sportives et/ou récréationnelles ainsi qu’aux élus des communes environnantes lors de notre découverte des étangs de Belval, afin de compléter notre investigation des savoirs experts et professionnels menée sur les sites précédemment évoqués par une réflexion sur les savoirs habitants et d’usage en jeu lorsque l’on pense la problématique des tiques, qui plus est dans ces milieux où les maladies liées aux tiques sont endémiques.


 

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