Aux origines du chien
Selon l’expression populaire, le chien descendrait du loup, et c’est en partie vrai. Cependant le chien ne descend pas d’une seule population de loups gris (Canis lupus), mais de plusieurs populations de loups distincts à travers l’Eurasie. A l’heure actuelle, les archéologues et les généticiens sont d’accord pour dire que le loup sauvage a été domestiqué de façon indépendante, dans trois régions différentes du monde : l’Europe de l’Ouest (polygone vert), le Proche Orient (polygone bleu) et l’Asie de l’Est (polygone violet). Ces trois foyers de domestication ont donné plus tard le chien (Canis familiaris), tel que nous le connaissons aujourd’hui.Les choses commencent à se compliquer sur l’âge du début de la domestication du loup et l’âge de divergence entre le loup et le chien. Les archéologues-zooarchéologues et les généticiens-paléogénéticiens ne sont pas d’accord. Pour les uns, le début de la domestication et l’âge de divergence entre le loup et le chien a débuté vers -17 000 à -15 000 ans à la fois en Europe de l’Ouest (polygone vert), au Proche Orient (polygone bleu) et en Asie de l’Est (polygone violet). Pour les autres la domestication a commencé entre -30 000 et -17 000 ans en Europe et en Asie de l’Est (marqueurs rouges).
Les plus anciens sites attestant de la présence de chiens ont été retrouvés en Europe de l’Ouest (marqueurs verts) et datent de -15 000 à -10 000 ans. Les os retrouvés présentent bien les caractéristiques anatomiques que l’on associe aux premiers chiens domestiqués et aux chiens actuels. Ils sont également plus petits que les loups sauvages de la même époque et d’aujourd’hui. Les sites retrouvés en Asie de l’Est (marqueur violet) pour la même période restent incertains avant -12 500 ans. Il faut attendre -8 000 ans avant de trouver des restes de chiens en Asie centrale, alors qu’ils sont présents au Proche-Orient depuis -15 000 ans (marqueurs bleus). Ce qui est cependant sûr, c’est que la morphologie dite « chien » apparait dans toute l’Eurasie entre -15 000 et -12 000 ans.
Les sites plus anciens, datés de -30 000 à -17 000 ans (marqueurs rouges), qui pourraient venir appuyer les preuves génétiques d’une divergence et d’une domestication plus précoce, sont sujets à débat dans la communauté scientifique. Beaucoup d’experts considèrent cette hypothèse comme peu probable. Cependant, qu’ils soient de loup ou de chien, les restes de canidés retrouvés dans ces sites sèment le doute. L’hypothèse d’un début de domestication autour de -30 000 ans n’a donc pas été complètement exclue, car les restes retrouvés présentent des similitudes anatomiques et génétiques troublantes à la fois avec le loup et le chien. Et bien que les premiers restes de chien avérés datent de -15 000 ans, il n’est pas impossible que ceux-ci soient apparus avant. Ainsi les restes datés de plus de 15 000 ans avant JC pourraient être des formes de transition n’ayant peut être pas donné de descendance ; mais il pourrait aussi s’agir d’une espèce de loup qui n’avait encore jamais été identifiée, ou d’une autre espèce de canidé jusqu’alors inconnu.
La difficulté de savoir si ces restes appartiennent à des loups ou des chiens est en partie due à leur morphologie qui est assez similaire. Une autre difficulté vient de la méconnaissance des différentes populations de loups peuplant l’Eurasie il y a 30 000 ans, que ce soit sur le plan morphologique ou génétique. Sans une base solide de connaissance sur ces populations de loups aujourd’hui éteintes, il est difficile pour les zooarchéologues de différencier ces loups des premiers chiens en cours de transition vers la forme connue du chien domestiqué. Cela pouvant conduire à des erreurs d’identification des chiens et des loups dans des sites de plus de 15 000 ans.
Des études génétiques réalisées sur des restes de chiens datant de -10 000 ans à aujourd’hui, semblent indiquer qu’il y a eu une migration des chiens du foyer d’Asie de l’Est vers l’Europe entre -14 000 et -6 000 ans (flèche rouge). Ces chiens auraient migré en suivant les Hommes dans leur voyage et auraient partiellement remplacé les chiens du foyer d’Europe de l’Ouest. La majorité des chiens d’aujourd’hui ne présente aucune trace d’une ascendance avec les chiens du foyer d’Europe de l’Ouest. Seul le husky sibérien et le chien de traîneau groenlandais présentent une ascendance à la fois avec les chiens d’Europe de l’Ouest et d’Asie de l’Est, ce qui implique des croisements entre ces deux populations.
Enfin, une autre migration aurait eu lieu entre -14 000 et -12 000 ans, elle correspond à la migration de chiens du foyer d’Asie de l’Est vers l’Amérique du Nord, en passant par le détroit de Béring (flèche verte).
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Ce contenu fait partie du dossier "Entre chien et loup, regards sur la domestication".
N'hésitez pas consulter également le dossier-glossaire intitulé "la domestication en questions".
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