Billet

28/10/15 - Formation technique avant le départ

Publié le
26 juillet 2017
par Baptiste Gombert
Mis à jour le
15 février 2018
A l'écoute du sol

 

Je ne suis pas un sismologue instrumentaliste, mais un sismologue « de la physique de la source ». Cela veut dire que j’utilise les données sismologiques sans véritablement m’occuper de leur acquisition. Je ne sais ainsi que très vaguement comment fonctionnent les sismomètres modernes, et encore moins comment sont construites les chaines d’acquisitions de données derrière. Or toute la mission en Antarctique tourne autour de l’instrumentation. Il a donc fallu, dans les semaines précédant mon départ, me former au travail à réaliser là-bas. Comme je partais quasiment de zéro, il a fallu que j’apprenne de la pose du sismomètre à la configuration des machines pour acquérir les données.

 

J’ai été formé par Maxime Bès de Berc, sismologue CNRS à l’EOST. C’est lui qui a été en Antarctique au cours des derrière années, et installé la majorité de l’instrumentation actuelle. Je ne pouvais donc pas rêver d’un meilleur professeur ! La formation s’articule autour de deux grands thèmes : l’installation et la maintenance du capteur sismologique (le sismomètre) et la mise en place/débuggage de la chaine d’acquisition de données.

J’ai commencé par apprendre à poser un sismomètre. L’opération n’est pas très compliquée mais elle est cruciale. Le mieux est de prendre son temps pour ne rater aucune étape. Il faut user de patience et de dextérité car l’instrument doit être parfaitement orienté et nivelé. J’ai ainsi passé plusieurs soirées, d’abord en compagnie de Maxime puis seul, à répéter les mêmes gestes pour bien les maitriser. La prise de notes est également importante car elles seront ma seule ressource une fois devant le sismomètre à Concordia. Après plusieurs entrainements je me sens prêt. Mais comme me l’a dit Maxime, c’est plus facile de poser un sismomètre au chaud sur une dalle en béton à hauteur de genoux que dans un puit de neige par -25°C…

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Entrainement à la pose d’un sismomètre dans la cave de l’EOST. 

La deuxième étape est la configuration du datalogger. Le datalogger est branché directement sur le sismomètre, et il va numériser, enregistrer, et transférer les données vers un ordinateur. Le mot « configuration » rime souvent avec « maux de tête », mais au moins cette étape peut se faire depuis un ordinateur au chaud à la base. Il faut être sûr que la datalogger reçoit bien les données du sismomètre, mais surtout qu’il les transmet correctement à un ordinateur via un réseau local. Avec un peu de pratique, l’aide de Maxime et celle du manuel, cette tâche sera apprise relativement rapidement.

 

Enfin, il reste à apprendre la configuration du lien « seedlink », c’est à dire la transmission en temps réel des données du sismomètre vers un ordinateur qui se chargera d’archiver les données puis de les envoyer à Strasbourg. C’est une étape assez délicate, et Maxime m’a confié que si j’avais des problèmes dans l’installation ils viendraient surement de là. Ce sera la phase d’apprentissage la plus longue, avec notamment la nécessité de maitriser plusieurs versions du logiciel.

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Entrainement à la configuration des datalogger. Les datalogger sont les « briques » oranges empilées.

A Concordia, il y a deux sismomètres, deux datalogger, et deux ordinateurs archivant les données. Une partie de ma mission consiste à installer un sismomètre et un datalogger supplémentaire. Simple en théorie, mais la réalité est plus complexe, car les chaines d’acquisitions sont doublées (voir triplées), et se croisent entre les ordinateurs, les dataloggers, etc… Les données ne sont pas archivées sur deux ordinateurs mais sur trois, se chargeant chacun d’envoyer les données à Strasbourg. Cette redondance est indispensable pour permettre de ne jamais perdre de données au cas où l’un des maillons de la chaine serait en panne. C’est un « chaos organisé », fonctionnant à merveille mais très complexe, qu’il me sera indispensable de comprendre au moins un minimum avant mon départ.

Après quelques semaines de formation en parallèle de ma thèse, me voilà enfin prêt ! Enfin je l’espère…

(CC) BY-NC-SA

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